Les origines personnelles d’Oh My Gender – la blessure

Écrit par Aline

blessure cover

Hello la communauté… Je sais ça fait longtemps. Avant de partir pour de nouvelles aventures (avec vous je l’espère), j’aimerais revenir aux fondements, à l’origine personnelle d’Oh My Gender. Tout commence par une blessure… Prêt.e.s pour une petite leçon d’histoire très intime ? Si oui, continuez la lecture. Si non, que faites-vous encore ici?

Le but de cet article est de partager mon histoire, mon témoignage, d’ouvrir la parole et de crier au monde « Vous n’êtes pas seul.e.s ». Car cette histoire parle de solitude, de perte de confiance, et d’un moyen de jeter à terre les stéréotypes pour vivre pleinement.

Il y a 7 ans et demi… la blessure initiale

Le demi a toute son importance. Vous n’imaginez même pas. Chaque mois passé dans la souffrance a son importance, même si je n’ai plus d’idée exacte de la date fatidique.

Allez j’arrête de tourner autour du pot, j’explique.

J’étais en couple, avec un gars bien et tout et tout. Sexuellement, la vie était belle… jusqu’au jour où j’ai été blessée. Je ne me souviens pas exactement de la première blessure, la faute à personne, mais au final cela ne change rien au fait : j’avais une blessure ouverte, à l’entrée du vagin. Je l’ai remarquée par un pincement ténu, après la fin du rapport. En allant faire pipi (toujours Pee after Sex, règle essentielle!!), j’ai remarqué du sang sur le papier.

Lors de chaque rapport, cette blessure se rouvrait, car située à un mauvais endroit (voir schéma).

Image de base – Dans Ma Culotte / blessure retravaillée par OMG

Tout rapport devenait donc de plus en plus compliqué, car en plus d’une blessure ouverte (ce qui n’est déjà pas agréable) et des soucis de santé qui en découlaient (infections urinaires et rénales), c’est principalement au niveau psychologique que la tension a commencé à grimper. Pour une jeune femme (18 ans à l’époque et jusqu’à 24 ans), développer sa sexualité en l’associant à la douleur n’est pas une chose facile. Pendant cette période, j’ai eu trois copains, avec lesquels j’ai fini par rompre car la douleur physique et psychologique était trop forte.

Une blessure psychologique non-négligeable

Outre la douleur physique, qui s’en allait en 24h, le temps que la blessure se referme, c’est le psychologique qui a commencé à prendre de la place. Voici quelques-unes des réflexions qui me sont venues en tête :

  • Je ne suis pas normale
  • Je n’ai pas le droit de profiter d’une sexualité saine
  • Une force là-haut me punit, mais de quoi ?
  • Je ne vais plus coucher avec des hommes
  • Il ne faut pas attirer leur regard, le sexe est fini pour moi
  • Ne pas draguer, ne pas leur sourire, ne pas les regarder
  • En somme, plaire est une douleur
  • Je ne suis pas une femme.

Cette escalade d’idées sombres m’ont amenée, parfois inconsciemment, à me renfermer sur moi-même. Puisque je ne peux pas plaire, ils ne doivent pas me plaire non plus. J’ai adopté un style androgyne (qui m’allait très bien, soit dit en passant), j’ai vu l’homme comme un ennemi et suis devenue rude, froide, piquante. Pour ne pas leur plaire, je n’avais qu’à pas être féminine. J’ai même fini par me couper les cheveux (blonds et bouclés) en mode garçonne, pour les repousser encore un peu.

Dans ma sexualité également, je faisais tout pour ne pas plaire. Une huître fermée, voilà ce que j’étais. Après un an et demi d’abstinence complète, j’ai couché avec un garçon dont j’étais amoureuse… et ça s’est rouvert. Nous nous sommes quittés (il n’a jamais su la vraie raison) et j’ai recommencé un an d’abstinence. Ensuite, (idée débile mais ne me jugez pas), je suis sortie avec mon meilleur ami, qui connaissait tout de mes problèmes, aussi bien physiques que sociaux/mentaux. Et rebelote… jusqu’à ce qu’on finisse également par se quitter. Quand vous êtes avec quelqu’un mais savez que la toucher lui fait mal, ça ne donne pas envie de continuer à la faire souffrir.

Et la médecine dans tout cela ?

Pendant 6 ans, j’ai consulté 4 médecins spécialisés différents :

  • Une gynécologue qui m’a dit que c’était de ma faute, que je ne devais plus porter de strings mais uniquement des culottes en coton. Vieille mentalité mais qui m’a bien cassée ;
  • Mon médecin traitant, qui malgré son manque de spécialisation, m’a conseillé une équipe de choc, à Liège ;
  • L’équipe de choc, composée d’un gynécologue, d’une psychologue et d’un chirurgien. Là, c’était le pompon, ils m’ont dit de vivre avec, de mettre du lubrifiant (comme si je n’en utilisais pas) et que le corps de certaines femmes était fragile… bref, c’était dans ma tête. Je suis sortie de là en pleurant et en les maudissant jusqu’à la quatrième génération ;
  • Enfin, ma nouvelle gynécologue, qui a d’abord tenté diverses crèmes toutes plus irritantes les unes que les autres, avant d’accepter de m’opérer.

L’opération a eu lieu en octobre 2020, soit 6 ans après le début de mes problèmes, et après l’avoir quasiment forcée. Nous n’en étions pas au point de lui mettre le couteau sous la gorge, mais pas loin.

Il s’agit, si vous voulez vous renseigner, d’une épisiotomie. C’est l’opération que subissent les femmes après avoir accouché, qui sert à refermer l’entrée du vagin pour qu’il retrouve sa forme et taille normales.

Femmes-references

Dans mon cas, il s’agissait d’ouvrir la blessure, de retirer le tissu cicatriciel accumulé au fil des ans, et de refermer le tout en espérant que la cicatrice, chirurgicale et propre, balaie les souvenirs de la blessure. SPOILER : ça n’a pas fonctionné. Et je ne vous raconte pas ma tête quand l’infirmière m’a dit qu’il s’agissait d’une opération de chirurgie esthétique. Ah non madame, là c’est carrément de la chirurgie réparatrice… mais bon.

Après l’opération, j’ai passé un an et demi (voire un peu plus), sans oser rien faire. Bah oui, de un j’étais terrorisée et de deux je devais me détendre et réapprendre à être une femme qui peut plaire. J’ai également eu droit à des séances de kiné, pour détendre les muscles qui avaient été contractés pendant si longtemps (et oui mon vagin aurait pu casser des noix tellement il était crispé).


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Enfin, en mai 2022, j’ai commencé à sortir avec un mec. Après lui avoir expliqué mon histoire et avoir attendu d’être sûre (c’était un peu comme ma première fois), nous avons couché ensemble……… et tout s’est bien passé ! Alléluia, victoire, sonnez toutes les cloches de la ville ! Je pouvais enfin recoucher avec quelqu’un. Un bonheur qui n’a pas duré, puisqu’il m’a largué (pas à cause de ça je vous rassure).

Depuis ce jour, je pensais que cette blessure et mes vieux démons étaient derrière moi. Jusqu’à ce que je recouche avec un gars lambda, que la blessure se rouvre et qu’en plus je chope une infection urinaire, qui s’est transformée en super infection rénale.

Quelle morale pour cette blessure ?

Aujourd’hui, même si la Blessure s’est rouverte, j’ai décidé de changer ma vision. C’est d’ailleurs le but (outre la thérapie personnelle par l’écriture) de cet article. Si je n’avais pas eu de blessure, Oh My Gender n’aurait pas existé. Si je n’avais pas été dans le cas, je n’aurais pas compris les femmes pour qui sexualité rime avec souffrance. Je me serais peut-être moins battue pour plus de respect, et je m’en excuse. Egoïstement, c’est le fait de me retrouver dans la situation qui m’a permis d’en sortir grandie, et de le partager.

J’ai décidé des points suivants :

  • Je suis une femme, avec une sexualité qui ne dépend que de moi
  • La douleur physique ne m’empêchera pas de jouir d’une sexualité libérée
  • La douleur psychologique n’existe que parce que je l’y avais autorisé
  • Changer mon point de vue m’aidera certainement à aborder le problème de manière plus zen, donc moins douloureuse
  • Au final, l’équipe de choc avait raison sur un point : mon corps est fragile, c’est à moi d’en prendre soin

Alors je n’ai plus qu’une chose à dire : jouissez, faites l’amour comme vous le voulez, ayez autant de partenaires que vous le souhaitez. Deux règles seulement à suivre : le lubrifiant est votre meilleur ami et ne faites que ce que VOUS voulez, ne vous forcez jamais.

Bien sûr, l’idée de partager mon histoire possède également un but de témoignage. Nous sommes beaucoup à vivre ce genre de choses, sans jamais en parler. N’ayez jamais peur de -me- poser vos questions, d’en discuter, via Insta (là où je suis le plus présente), @ohmygender.

Merci de m’avoir lue !

Publié le 3 octobre 2022

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